Aux limites du système

Le coronavirus est peut-être une zoonose, une maladie transmise à l’humain par l’animal.


C’est avec un pragmatisme outrancier que le politique s’est tout d’abord obsessivement focalisé sur la maîtrise de l’urgence, sur la gestion hospitalière, sans par exemple s’intéresser, si ce n’est que bien plus tard, aux maisons de repos, alors que des sociologues avaient cependant insisté sur l’effet « bombe à retardement » des effets de l’épidémie dans ces structures. Ceci prouve que la création d’un centre de crise sans envisager la possibilité de prendre immédiatement de la distance, ignore l’importance d’envisager le long terme, alors que absolument toute la société est impactée par la présence du virus.
Un autre point découlant de cette situation est également très préoccupant : les mois de confinement ont généré un énorme potentiel de violence conjugale et familiale, des traumatismes psychologiques et des suicides. Au cours des années qui suivirent l’épidémie de SRAS-Cov, au début des années 2000, les études ont laissé estimer que 15 à 30 % des personnes confinées avaient développé des syndromes post-traumatiques se révélant par exemple sous la forme d’incapacité à reprendre le travaille ou de burn-out. Et il est à craindre que nos gouvernements n’en aient que très insuffisamment pris la mesure.


Que faut-il encore penser de cette diarrhée de chiffres mondiaux, nationaux, régionaux, statistiques etc., dont certains suspectés d’inexactitudes, voire de manipulation ?
Cette obsession ahurissante trahit d’abord une sorte de panique. La plupart de ces chiffres sont d’ailleurs inutiles, dès lors qu’ils sont exagérément nombreux, invérifiables et contradictoires. Il suffit d’ailleurs de relire les premières prévisions pour constater qu’elles étaient inexactes, sans tenir compte des suspicions de falsification. Dès le départ et sans trop réfléchir, les données chinoises ont été prises en référence, alors que les chercheurs en sciences humaines avaient à nouveau prévenu que prendre en compte le nombre d’urnes funéraires allait vraisemblablement multiplier le nombre de morts déclarés par dix par rapport à la réalité.
La société s’est dès lors d’emblée située dans le contrôle et la maîtrise illusoires en employant un vocabulaire guerrier face à un « ennemi ». Mais les politiciens sont plutôt désorganisés et fort impuissants sur le terrain…
Comme avec les chiffres, c’est de l’incantation. Les politiques semblent tenter tout et n’importe quoi et les médias, loin d’appliquer les principes du journalisme telles la vérification et la comparaison des informations reçues, participent globalement à ce langage incompréhensible aux éléments contradictoires et utopiques. Cette attitude irresponsable aurait peut-être suffit dans le cas d’une crise passagère, mais après deux années, elle a fini par exaspérer les personnes les plus sereines.

Aujourd’hui, la pollution atmosphérique, la malnutrition, la circulation routière et la grippe tuent énormément plus de monde que cette pandémie sans plus que personne ne s’en émeuve, alors que la covid-19 effraye ! La véritable question n’émane pas pas du système sanitaire mais du fait que la mort est devenue illusoirement inconcevable pour le citoyen occidental, rappelé à l’ordre par un virus. Se cloisonner n’a aucun sens. Affronter n’est pas rompre le lien social et se couper du reste du vivant. L’objectif de la société matérialiste est absurde : l’éradication inconsciente de la mort, la maîtrise de la vie, laquelle néglige les rituels d’accompagnement et de deuil avec pour résultat de générer névroses et traumas à l’infini. La santé mentale et sociale est indissociablement liée à la santé physique ; il est capital de réaliser cette réconciliation.

Un tournant de civilisation ?

Cette crise révèle les limites du néolibéralisme, celui-ci étant une dérive essentiellement politico-financière du libéralisme philosophique, dans laquelle tout est estimé en termes de coût et d’échange marchand.
Les biens sociaux que sont la santé et l’éducation – sans évoquer le sol, l’air ou l’eau – ont été marchandisés ou négligés, parce que non rentables, par une partie très influente de l’humanité qui s’obstine par intérêt financier personnel, à ignorer les conséquences dramatiques résultant de cette situation. Le néolibéralisme, avec la complicité de la classe politique des pays occidentaux, a ainsi transformé la notion de dette, dont la finalité est devenue, sous l’égide des tout puissant mondes bancaire et boursier, de ne pas nécessairement devoir être remboursée cumulant intérêts et pénalités financières, responsables de désastres sociaux tels ceux rencontrés par l’Argentine et la Grèce !
Le phénomène pandémique actuel présente un avant-goût du futur qui attend l’humanité faute d’une réaction immédiate au saccage écologique actuel. Il est impératif de revoir notre rapport au monde, faute de quoi une minuscule mais puissante « élite » transhumaniste poursuivra sa recherche imbécile de l’immortalité, méprisant l’immense majorité tentant de subsister dans un environnement appauvri et dégradé, ce qui est déjà le cas de millions d’êtres humains.

#pavicdoppagne

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